Petite lapine de neige
Par une froide nuit d'hiver, les premières neiges
tombèrent sur la lande. La lapine blanche, blottie bien au chaud dans
son terrier, regardait les flocons blanchir le sol, avec une pointe
d'appréhension puisque les pousses d'herbe dont elle se nourrissait
seraient bientôt ensevelies sous une épaisse couche de neige.
Lorsque
les flocons stoppèrent un instant leur incessante et lente chute, elle
décida de sortir pour aller grignoter quelques brins d'herbe tant
qu'elle le pouvait. Dehors, la Lune brillant d'un étrange éclat. Jamais
elle ne lui avait paru aussi proche et aussi belle. La lapine s'arrêta
un instant, se dressant sur ses pattes postérieurs pour admirer l'astre
nocturne. Puis son estomac lui dicta de retourner à ses occupations.
Esclave de son instinct, l'animal de détacha de sa contemplation de la
lune et creusa la neige à la recherche d'herbe tendre. La maigre
fourrure de ses petites pattes ne parvenait pas à la protéger du froid,
mais c'est avec les membres engourdis qu'elle déterra une magnifique
touffe d'herbe. La lapine grignota paisiblement, ne s'apercevant pas de
la neige qui recommençait à tomber. Elle avait froid, très froid. Mais
son pauvre estomac lui dictait de manger, encore et encore, pour ne pas
périr de la faim. Elle avait froid, très froid. Elle avait faim, très
faim. Tout son corps s'engourdit peu à peu. Elle n'eut bientôt plus la
force de se débarrasser de la pellicule du neige qui recouvrait et
trempait son pelage immaculé. Ses mâchoires n'avait plus la force de
mâcher. La lapine lança un dernier regard vers la Lune, à cet instant
plus éclatante que jamais. Puis elle s'écroula.
Lorsqu'elle se
réveilla, elle était une lapine de neige. Elle n'avait plus froid, plus
faim, plus mal, et la Lune l'invitait de sa lumière bienveillante. Alors
elle s'envola et partit rejoindre la Lune dans le ciel étoilé.